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Édition du 25 août 2016,

section ARTS, écran 4

 

HUGO DUMAS

FEUX, LE VOLCAN

PAS TRANQUILLE

HUGO DUMAS

LA PRESSE

J’ai beaucoup, beaucoup aimé les deux premiers épisodes de Feux, le nouveau thriller psychologique du talentueux auteur Serge Boucher (Aveux, Apparences), le spécialiste des intrigues à plusieurs couches qui forcent les téléspectateurs à jouer aux détectives.

 

C’est intelligent, dense, mystérieux, angoissant et écrit avec un sens aiguisé de l’observation. Chacun des détails compte dans Feux. Un polaroïd jauni, un précieux bijou donné en cadeau ou un vieil article de journal, autant d’indices qui nous guident dans notre quête de vérité.

 

Programmez vos enregistreurs dès maintenant, car Feux enflammera vos lundis (excusez-la !) à partir du 12 septembre à 21 h sur les ondes de Radio-Canada. Comme Apparences (où était passée Manon ?), cette production de grande qualité déclenchera assurément des discussions brûlantes (désolé !), autant sur Twitter qu’autour de la machine à café.

 

Donc, Feux s’ancre dans l’incendie de la maison de la famille Lemaire à Rimouski en 1982. Le petit Marc, 7 ans, a survécu, mais pas sa maman. Après cet horrible drame, les Lemaire ont déguerpi à Montréal sans regarder en arrière.

 

Près de 35 ans plus tard, Marc Lemaire (Alexandre Goyette) croise par hasard la gardienne – Claudine, jouée par Maude Guérin – qui le surveillait le soir où les flammes ont emporté sa mère. Cette rencontre réveillera des sentiments jamais avoués et bousculera le quotidien de ces deux personnages complexes, deux incarnations différentes de la perfection.

 

Plus personne ne pensait à cet incendie louche avant ce contact imprévu entre Marc et Claudine, qui fera également ressortir des histoires terribles dans leurs entourages respectifs. Comme un volcan qui se réveille et dont la lave bouillante dévaste tout ce qui entrave son chemin.

 

Le premier épisode place efficacement les protagonistes. Marc, un courtier immobilier prospère, s’impose de force dans la vie de Claudine, très réticente à plonger dans ses souvenirs. Que cache-t-elle au juste ?

 

Au deuxième, c’est Claudine, cadre dans une grosse firme du centre-ville, qui mène cette fascinante joute psychologique. À quoi joue Marc, nouvellement papa du petit Hervé ?

 

Feux se déroule dans un univers bourgeois où rien ne retrousse, rien ne dépasse. En grattant un peu, comme le fait la fille de Claudine, campée par Camille Felton, le vernis décolle assez facilement.

 

Puis, les questions déboulent. Pourquoi le père de Marc, un pédopsychiatre réputé interprété par Denis Bernard, s’est-il recyclé en pasteur évangélique ? Pourquoi les parents de Claudine (Louise Turcot et Michel Forget) refusent-ils de parler du premier amoureux de leur fille ?

 

Feux regorge de beaux personnages, dont Carole (Valérie Blais), la sœur acariâtre de Claudine, de même que Francine (Isabelle Vincent), l’esthéticienne de la Plaza St-Hubert dont le franc-parler détonne dans cette télésérie peuplée de gens BCBG.

 

À la fin de chacune des heures, un punch nous attend, souvent révélé en flash-back. Ne vous attendez pas à un rythme effréné : Feux bout lentement, mais accapare nos pensées longtemps.

 

Dans la peau d’une mère de famille de 50 ans sur le bord de perdre le contrôle, Maude Guérin est excellente, comme toujours. Quant à Alexandre Goyette, c’est quand la carapace de son Marc parfait se fissure que son jeu se raffine. De la maudite bonne télé, tout ça. Un incontournable de la rentrée.

 

(...)